CHSCT, critères de pénibilité, burn-out, temps de travail et conditionnalité des aides publiques aux entreprises : quelles sont les promesses d’Anne Hidalgo ? « Le travail ne peut pas abîmer ni les corps, ni l’esprit », revendique la candidate socialiste.
« Pour moi, le droit du travail protège et il est essentiel », déclare Anne Hidalgo. La candidate socialiste à l’élection présidentielle a développé plusieurs de ses positions sur les questions sociales, lors d’une rencontre organisée par l’Ajis (association des journalistes de l’information sociale) à Paris le 19 janvier 2022. Rappelant qu’elle a « commencé comme inspectrice du travail dans les années 1980 », elle assure vouloir aller « sur tout le terrain qui permet de donner des droits supplémentaires aux salariés dans les entreprises », notamment « sur les conditions de travail ». « Le travail ne peut pas abîmer ni les corps, ni l’esprit », revendique l’actuelle maire de Paris.
« Je rétablis le CHSCT », pose Anne Hidalgo. Dans son programme, le rétablissement du CHSCT, comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés figure au chapitre des « nouvelles sécurités sociales » et elle en fait un enjeu de « santé publique » et de « prévention ». En 2017, le comité d’entreprise, les délégués du personnel et le CHSCT ont été regroupés dans une instance unique : le CSE.
« Syndicalistes, médecins du travail… beaucoup m’ont dit, partout, que la perte de cette instance a entraîné une baisse de la protection, développe la candidate. Et notamment sur les questions liées au burn-out, à la charge mentale excessive, tous ces phénomènes que l’on voit, dus à la pression sur les salariés. »
Le fait d’accorder une place importante au dialogue social revient dans la plupart de ses propositions. « Il faut redonner au dialogue social toute sa place. Nous avons besoin des syndicats au niveau national, au niveau des branches, et au niveau des entreprises », martèle la socialiste. Elle « croi[t] beaucoup à la mise en mouvement de la société par tous ces corps intermédiaires qu’Emmanuel Macron a mis de côté ».
Évoquant la nécessité de régler des « disparités » dans le système de retraite, Anne Hidalgo indique qu’elle « réintrodui[t] les critères de pénibilité, écartés par Emmanuel Macron au motif qu’ils étaient trop complexes », c’est-à-dire la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et l’exposition aux agents chimiques dangereux. « Non, ce n’est pas complexe », assure-t-elle. Son programme précise qu’ils « seront mesurés selon des modalités simples définies par les branches professionnelles ».
La candidate défend la réforme des retraites menée en 2013 par Marisol Touraine, alors ministre des affaires sociales sous François Hollande. Si elle est élue présidente, elle « garanti[t] » les retraites anticipées à taux plein pour les carrières longues et les métiers pénibles. De plus, l’âge légal de départ ne serait pas augmenté, il resterait « plafonné aux 62 ans actuels ». Et Anne Hidalgo soutient l’idée d’une « transmission » accrue entre les salariés seniors et les plus jeunes, « y compris en travaillant sur la pénibilité des postes ».
Anne Hidalgo veut faire de la santé mentale une « grande cause » de son quinquennat. « Le burn-out sera reconnu comme maladie professionnelle », promet son programme. À ce stade de la campagne, elle n’a pas eu l’occasion de préciser cette mesure.
Rappelons que la reconnaissance des affections psychiques dues au travail est déjà possible en France, via le système des CRRMP (comités régionaux de reconnaissances des maladies professionnelles). En 2020, 1 441 maladies professionnelles « relevant de troubles psychosociaux » ont ainsi été prises en charge par la branche risques professionnels de l’assurance maladie, suite à des décisions favorables des CRRMP. C’est 37 % de plus qu’en 2019.
Faut-il réduire encore le temps de travail des Français, et passer à 32 heures ? C’est une revendication chère à la CGT, qui l’a remise sur le tapis dès l’automne dernier. L’organisation syndicale pense qu’il faut une loi pour inscrire les 32 heures comme référence, même si « ça ne veut pas dire que ça s’applique partout de la même façon », précisait Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, en octobre.
« Sur le temps de travail, pas de nouvelle loi, répond Anne Hidalgo lors de la rencontre avec l’Ajis. Je suis pragmatique : les entreprises qui voudront aller plus loin – et il y en a plein –, nous les accompagnerons, par des incitations et la conditionnalité des aides publiques aux entreprises. »
« Il faut faire en sorte que l’on tienne compte des questions de santé et de sécurité au travail », expose l’ancienne inspectrice du travail. Elle explique vouloir « conditionner les aides publiques aux entreprises à un strict respect de critères sociaux et environnementaux ».
Dans son programme, plusieurs critères sont esquissés : « qualités des emplois créés, conditions de travail, dialogue social, égalité salariale femme-homme, écarts de rémunération, respect de l’environnement, etc. », et il est précisé que des garanties de remboursement de ces aides pourraient être exigées lors de leur attribution.
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